Cinq ans après la création de Pôle emploi, il existe encore de nombreuses conséquences d’une procédure de fusion mal maitrisées. L’actualité met en évidence. Deux de celles-ci sont au cœur de l’actualité. (NDLR : article du 09/12/2014).
La première situation concerne les agents issus de l’ANPE ayant choisi de ne pas exercer leur droit d’option vers le statut privé et de demeurer agents publics. Si on met à part la situation outre-mer où les agents publics bénéficient de la prime de vie chère, ce refus du droit d’option se traduit pour les agents par une forme de double peine, puisqu’ils ont d’un côté renoncé à la significative revalorisation salariale dont ils auraient bénéficié en prenant comme la majorité de leurs collègues un statut de droit privé, et doivent de l’autre subir une gestion des ressources humaines qui leur offrent bien peu de perspectives.
Il faut dire que la parti pris au moment de la fusion était que l’attrait financier important lié à l’exercice du droit d’option allait réduire à un nombre anecdotique le nombre se salariés demeurant de droit public, et que le corps irait vers une extinction rapide. L’existence durable de 5 000 contractuels de droit public ressentant un sentiment d’isolement, d’exclusion et de discrimination pose problème, car l’ensemble des règles applicables sont celles du droit privé, différentes pour la gestion des congés, les mutations… Bien plus, l’accès aux promotions semble difficile pour les agents de droit public, qui revendiquent une réelle égalité avec leurs collègues
Cela les conduit à faire grève aujourd’hui et à manifester aujourd’hui devant le siège de la direction générale avec le soutien des syndicats SNU-FSU, SNAP et SUD pour revendiquer la négociation d’une grille d’équivalence entre les niveaux d’emploi des agents publics et les coefficients de la Convention Collective Nationales des agents de droit privé
Autre sujet qui pose problème dans la grille de classification enfin adoptée, dans la démarche curieuse qui a vu cet élément essentiel de toute négociation sociale ne pas être au cœur de la convention collective mais repoussée beaucoup plus tard, la non reconnaissance de la double compétence indemnisation accompagnement. On se souvient de l’époque, pas si lointaine, où le mythe du métier unique, affirmé par le président de la République, valorisait le “conseiller qui accueille, accompagne et indemnise” (voir Poster polynésien et orchidée)
Ceux qui ont cru, se sont formés pour acquérir la compétence qu’ils ne maîtrisaient pas, qui sont environ 3 000, ont l’impression d’être eux aussi victimes d’une double peine. En effet leur double compétence en fait assez facilement ceux qui sont sollicité au quotidien dans des agences pour renforcer une équipe, remplacer un absent …, alors que la classification ignore cette double compétence qu’ils ont acquise et qui est utilisée au quotidien dans le fonctionnement de l’institution
Un certain nombre d’entre eux expriment leur dépit dans une Lettre au directeur général de Pôle emploi que publie Aurore Boréale ayant l’impression que leur principal tort est d’avoir cru ce que leur disaient leurs responsables de l’époque, qui sont pour une large part les mêmes que ceux qui aujourd’hui adoptent une position contraire
Finalement ceux qui sont le plus mécontents, sont d’un côté ceux qui étaient les plus réticents à la fusion et ont refusé pour cela d’abandonner leur statut public, considéré (à tort ou à raison) comme protecteur, et de l’autre ceux qui y ont le plus cru en se formant pour mieux répondre aux attentes exprimées, en se formant pour exercer le double compétence alors valorisée.
Pourrait-on en tirer la conclusion que pour travailler à Pôle emploi il faut d’abord penser à sa propre situation et ne pas suivre les incitations directoriales qui s’avèrent fort variables dans le temps ? Ce serait du pur mauvais esprit !
Lire l’article de Michel Abhervé sur le site alternatives-economiques.fr/blog/abherve